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Francisco NAISHTAT

Ancien(ne) Directeur de programme Argentine  du 01/07/2004  au 30/06/2010

Direction de programme : Mondialisation, cosmopolitisme et nation du lieu de la philosophie

Résumé : Est-il certain, comme ont prétendu Ulrich Beck, Anthony Giddens et d'autres théoriciens de la mondialisation pendant les années 90 que, sur fond de la transnationalisation du capital, l'ordre interétatique classique, progressivement instauré depuis la Paix de Westphalie, touche à sa fin ? Est-il certain que le modèle du social, déterminé par la forme territoriale de l'État, et qui a conformé la pensée politique, sociale et scientifique durant deux siècles serait ainsi tout simplement en train de disparaître ? Personne ne peut nier que si c'est la logique du capital qui a troublé ce modèle étatique, ce n'est pas seulement l'économie qui est en jeu. Au capitalisme mondialisé correspond un processus de mondialisation culturelle et politique qui trouble entièrement les principes d'organisation de la socialisation territoriale. Cependant les évènements récents marquent un phénomène plus complexe, où l'État-nation affaibli ne disparaît pas mais est lui-même enveloppé par une logique de conflictivité interétatique sur fond de mondialisation. Pour nous en tenir à quelques exemples qui nous intéressent tout particulièrement nous pouvons signaler :
a) L'affaiblissement voire l'impuissance des États-nation, pour élaborer un projet économique relevant d'une politique autonome peut aussi engendrer des réponses politiques de ces états ; b) les cas des immigrants illégaux est en soi un fait social mais il devient de plus en plus la source de conflits politiques autour d'une politique de citoyenneté et des droits dont l'enjeu se situe bien au-delà des États-nation mais aussi à l'intérieur de ceux-ci, c) l'apparition des affaires de justice transnationale qui remettent en cause le principe de non ingérence et de souveraineté rencontre des difficultés qui témoignent de la résistance dont elle est objet de part de la première puissance mondiale et d'autres états importants de la planète ; e) les catastrophes humanitaires engendrées par les guerres, les persécutions et les luttes interéthniques, aussi bien que par les calamités naturelles font des victimes qui se trouvent amenées à la limite de leur condition humaine, dépouillées de leur dignité de personne, sans droits, gérées simplement en tant que population et non comme individus. Or sans une véritable réflexion politique qui aille au delà du cadre humanitaire et gestionnaire du traitement de ces victimes, et qui donne lieu à une politique aussi bien nationale que cosmopolitique et à des conditions de reconnaissance citoyenne, on n'atteindra pas le seuil de l'humanité (Agamben,1997).
De cette manière nous assistons à une dialectique entre la mondialisation, le cosmopolitisme et les nations dont on fera l'objet de recherche, en prenant en considération les différents niveaux d'intersection entre la philosophie et la politique : téléologique, normatif, explicatif et compréhensif.