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Michel OLIVIER

Actuel(le) Directeur de programme du 01/01/2019  au 30/06/2025

Direction de programme : Sens et non sens de la vie économique

Résumé : Ce programme de recherche porte sur le sens de la vie économique. Nous entendons par vie économique la production, l'échange, la consommation de biens matériels et immatériels, le travail (salarié ou non), la rémunération, la fiscalité, l'accès à une part de prospérité.
Le registre économique, qui engage de nombreux enjeux conflictuels, a pris de fait un ascendant sur toutes les dimensions de la vie dans les sociétés occidentales. Notre socialité semble lui être d’autant plus soumise que ce registre concentre l’essentiel des exigences sociales de justice, comme si la justice économique était la condition de possibilité universelle de toutes les exigences de justice.
L’hégémonie de l’économie sur la vie sociale est pourtant un phénomène récent, qui résulte probablement d'une mutation de sa temporalité. L'économie n’est plus inféodée au temps cyclique des besoins du corps, elle est entrée dans le temps linéaire de l'accumulation infinie de richesses. Nous analyserons, notamment avec Arendt, Weber et Durkheim, ce qui a rendu possible cette omnipotence de l'économie.
La genèse de cette hégémonie est-elle à même de rendre la vie économique légitime et de lui conférer un sens ? La mainmise du profit sur toute autre valeur ne vient-elle pas plutôt contrarier la normativité complexe et hétérogène de notre monde ? Telle sera la première phase de notre recherche.
Si une vie économique devenue à elle-même sa propre fin s'articule difficilement et douloureusement avec le souci du bien collectif, peut-on concevoir – et comment ? – qu’elle puisse devenir un processus qui tende vers la justice économique ? La seconde phase de notre recherche explorera la notion de justice économique (avec Marx et Rawls notamment), afin d'y déceler une possible téléologie.
Mais l'idée même d'un sens téléologique interne à la vie économique ne fait que consacrer une omnipotence de l'économie qui doit être questionnée. La troisième phase de notre recherche consistera à chercher un sens de la vie économique non pas dans l’expansion illimitée de son propre processus, mais dans une articulation de l’économie avec l'ensemble de notre vie sociale. Nous travaillerons notamment les œuvres de Lyotard, de Wittgenstein, de Habermas, de Durkheim, de MacIntyre, de Tugendhat, de Descombes, de Levinas, pour tenter d'y saisir l'origine de la nature souvent douloureuse de cette articulation, et d'explorer des systèmes éthiques où la vie économique pourrait trouver son sens.