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Pierre PEJU

Ancien(ne) Directeur de programme du 01/07/1998  au 30/06/2004

Direction de programme : La philosophie et l'enfance. Penser l'enfant. L'enfant penseur, le commencement de la pensée et l'“enfance“ de toute philosophie enfance' de toute philosophie

Résumé : De Platon à Rousseau, des Stoïciens à Fourier, de Kant à Bachelard et Deleuze, je souhaite réexaminer les conceptions de l'enfance dans l'histoire de la philosophie et analyser ses représentations dans l'histoire des idées et la littérature. L'enfance est à la fois la permanence d'une inquiétude et la source de simplifications et de clichés. Pour la philosophie, elle est le plus souvent la sauvagerie qu'il faut dominer, la solitude qu'il faut ignorer, l'énergie qu'il faut maîtriser ou capter, la déraison qu'il faut craindre ou dépasser.
L'aspect plus « pratique » ou expérimental de cette direction de programme consistera à étudier comment les enfants se confrontent à la pensée, à son exercice, et à cerner ce qui est philosophiquement enseignable à de jeunes enfants. Comment naissent, précocement, le désir de produire un discours cohérent et le besoin de prêter attention au discours de l'autre (le sens du dialogue) ? Quels éclairages l’enseignement de la philosophie aux enfants apporte-til en ce qui concerne la nature même du philosophique ?
Il importe surtout de considérer la pensée chez l'enfant autrement que comme simple effectuation d'opérations intellectuelles et de « performances » mesurables en fonction de telle ou telle tranche d'âge, nais bien comme confrontation personnelle et singulière au sens et comme découverte de la rigueur possible de la parole propre.
Il s'agira aussi d'aborder les différents énoncés concernant l'enfance et les différents « traitements » réservés aux enfants, par exemple à l'aide de notions de l’ « infantile » (minoration systématique de l'enfance) et de l’ « enfantin » (considération de l'ambiguïté, du polymorphisme, mais aussi de la créativité potentielle de l'enfance).
La société contemporaine nous contraint d'ailleurs à réfléchir d'urgence à cette place difficile de l'enfance, surtout s'il s'avère que ce qu'un historien comme Philippe Ariès avait appelé « sentiment de l’enfance » (et dont il avait daté l'apparition), est en train de s'abolir bien vite au profit d'une grande confusion des âges et des rôles (d'un régime d'adolescence généralisé qui induit une grandissante indifférence au sens).