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Thierry GONTIER

Ancien(ne) Directeur de programme du 01/07/2004  au 30/06/2010

Direction de programme : Humanisme de la Renaissance, renaissance de l'humanisme

Résumé : Passé dans l’usage courant dans la seconde partie du XIXe siècle, pour être thématisé dans le champ philosophique au XXe, sous la double paternité de Marx et de Nietzsche, le terme d’« humanisme » a originairement une fonction polémique, au sein d’une situation de crise, constituant une arme tournée à la fois contre les vieilles ontologies théologiques et contre la « réduction », la domination, voire l’annihilation de l’homme par les dispositifs intellectuels nouveaux (positivisme, économisme, scientisme, psychologisme, etc.). Systématisé sur le plan métaphysique et historiographique (Cassirer, Croce, Gentile …) dans la première partie du XXe siècle en une philosophie foncièrement idéaliste et spiritualiste, qui trouve ses sources dans une réflexion sur la pensée de la Renaissance, dénoncé après la guerre (Heidegger, Lacan, Lévi-Strauss, Foucault, Althusser …), l’humanisme semble aujourd’hui n’être plus qu’un mot d’ordre assez flou, voire ambigu. Rendu pourtant à sa technicité originaire, ce philosophème peut encore avoir une triple fonction :
– heuristique, car il offre une base à un champ d’investigation sur l’une des périodes (la Renaissance) encore peu connue de l’histoire de la philosophie ;
– polémique, car, repensé et réélaboré, il constitue une arme double, tant contre les réductionismes (qui peuvent se nommer pour l’heure structuralisme, philosophie analytique, cognitivisme, etc.) que contre certaines phénoménologies de la donation, de la passivité extatique et de la désubjectivisation, dont on veut dénoncer le retour au théologique qu’elles portent mutatis mutandis en leur projet ;
– spéculative enfin, car il permet une interrogation nouvelle sur les questions liées au développement des sciences et des techniques, en les replaçant au cœur de la réalité humaine, notamment comprise dans ses prolongements éthiques et politiques (là où l’homme se trouve le plus à même de « produire » de la valeur).
Nous voulons ici poser quelques jalons en vue d’une nouvelle herméneutique de l’homme moderne, à partir d’un travail comparatiste, mettant en jeu une réflexion croisée sur la philosophie de la Renaissance et la philosophie contemporaine.