image philosophie

Julie HENRY

Ancien(ne) Directeur de programme du 01/07/2013  au 30/06/2019

Direction de programme : L'éthique en santé relue à l'aune d'une anthropologie spinoziste : philosophie de l'âge classique et médecine d'aujourd'hui

Résumé :  En nous fondant sur une règle spinoziste, stipulant qu’il faut partir des hommes tels qu’ils sont afin de construire une éthique pertinente, nous nous proposons dans ce projet de repenser l’éthique en santé contemporaine à l’aune d’une anthropologie de l’âge classique. L’idée est que cela permettrait de sortir de la tension entre éthique des principes et casuistique – tension particulièrement présente dans les tentatives actuelles de normalisation des pratiques de soin –, en trouvant dans une science de l’homme le fondement et le critère de toute éthique possible.
Nous envisageons ainsi de réinscrire la maladie dans l’histoire d’une vie, et de redéfinir à partir de là la santé en lien avec une conception compréhensive de l’homme et de son histoire personnelle. Une science de l’homme conçue comme éléments de compréhension des pratiques humaines nous préservera d’une éthique a minima comme d’une perspective moralisante.
Pour ce faire, nous nous appuierons sur les principes anthropologiques fondamentaux que constituent, pour Hobbes et pour Spinoza, la place accordée aux affects (en l’occurrence, ceux des soignants comme ceux des patients), la question de la temporalité pensée à partir du mouvement des corps et de leurs variations, et celle de la singularité des individus – problématique particulièrement aiguë dans la conception d’une éthique en santé. Mais nous étudierons aussi la manière dont l’anthropologie hobbesienne se constitue en dialogue avec les écrits des médecins de son temps, afin d’établir un pont entre médecine du XVIIe siècle et conception de l’homme sous-jacente aux pratiques d’aujourd’hui.
Nous concevrons la mise en œuvre de ce projet sur le modèle des discussions interdisciplinaires et pluri-professionnelles de notre laboratoire junior, par un constant mouvement entre théories philosophiques et pratiques de soin déjà traversées de questionnements. Nous mettrons ainsi en lumière les limites de l’institutionnalisation et de la normalisation de l’éthique en santé. L’enjeu consiste alors à concevoir une éthique qui puisse se pratiquer à même les différents usages de la vie humaine : celle-ci apparaît en effet comme l’articulation, dans des « occasions » chaque fois particulières, de nécessités communes (la normalisation) et d’aptitudes singulières à se les approprier (la puissance propre des individus).